Approcher, cueillir et utiliser les plantes

Beaucoup de magiciens et de sorcières se tournent vers les plantes car elles sont de formidables alliés dans tous les domaines que l’art de la magie peut englober. Elles guérissent, empoisonnent, excitent le désir, purifient ou portent malheur … Leur diversité d’espèces est à l’égal de tout ce qu’elles peuvent nous apporter. Personnellement je me suis très vite intéressé aux plantes quand j’ai vu tous les dons que l’on pouvait leur attribuer. J’ai acheté mon premier livre sur la phytothérapie, car guérir par les végétaux m’a tout de suite paru évident face aux médicaments chimiques qui m’ont détruit la santé pendant mon enfance. Et puis tout cet univers de potions, huiles et infusions me faisaient vraiment rêver. Au fur et à mesure de mes expériences avec les arbres et les herbes, je me suis vite rendu compte qu’ils avaient un esprit comme nous, ou en tout cas une compréhension de monde qui les entourent. Je suis animiste et de nature à respecter chaque chose, et je me suis donc informé sur les esprits des plantes.

J’avais auparavant essayé quelques recettes avec des plantes achetées en magasins, ou bêtement arrachées. Le résultat m’est apparu fade (au niveau énergétique), vide et j’ai même eu l’impression de profaner quelque chose. Petit à petit j’ai commencé à cueillir les plantes moi-même et à découvrir les joies de la cueillette sauvage, j’ai dit des mercis un peu timides, parfois laissé quelques offrandes. Puis mes mercis se sont transformés en remerciements formulés et peu à peu, en m’ouvrant réellement et en me libérant de la petite honte de parler à une plante, j’ai commencé à vraiment « ressentir » les plantes et leurs esprits. J’ai commencé à percevoir les messages qu’elle voulaient bien me donner, à rencontrer parfois des esprits gardiens d’une certaine herbe. Ce vrai contact m’a permis de mieux respecter des plantes, car il est plus facile de respecter quelque chose avec lequel on a eu un contact, plutôt qu’une idée abstraite. Ma connaissance des plantes s’est affinée, et j’en apprends toujours plus, sur leurs vertus médicinales, sur la magie qu’elles renferment, les affinités que je peux avoir avec elles personnellement.

Avant la cueillette

  • Avant de cueillir une plante ou de commencer toute chose avec elle, le mieux est de s’informer. Que votre but soi d’en faire un onguent, une tisane, ou de l’incorporer dans une amulette ou un sort, informez-vous ! Cherchez ses vertus médicinales comme magiques, quelles utilisations en ont fait les anciens, quelles légendes leur sont attribuées. Je recommande à toute personne qui voudrait se lancer dans l’herbalisme, ou la magie végétale de se dégoter un manuel de phytothérapie, vous seriez surpris d’en apprendre plus que dans un livre de magie verte, et puis ça vous évitera de vous empoisonner avec l’infusion de belladone qui était sensée vous provoquer des visions. Apprenez à connaitre une plante, et vous arriverez sûrement à la comprendre.
  • Patientez. Il n’y a rien de plus irrespectueux que de cueillir un fagot d’herbes  qui ne va pas vous servir, seulement parce que vous en avez trouvé. Libérez vous de cette manie humaine de consommer systématiquement. Avez-vous vraiment besoin de ces jolie primevères maintenant ? Si vous débutez, laissez vous le temps, les plantes repoussent. Avec l’expérience, vous saurez de quelles plantes vous avez besoin et vous les sécherez pour en profiter toute l’année.Il y a aussi cette notion d’être prêt. Certaines plantes ne sont pas forcément à mettre entre les mains d’un novice. Certaines sont véritablement puissantes peuvent être dangereuses pour des personnes  inexpérimentées, que ce soit en phytothérapie ou en magie. Trompez vous dans les dosages et une tisane qui devait vous aider à dormir vous emmènera à l’hôpital. Portez une plante plus forte que vous, ou approchée de manière inadéquate pourra vous « engloutir ». Donc même si la belladone, la mandragore et l’hellébore vous fascinent et  vous susurrent des mots doux à l’oreille, attendez d’avoir assez d’expérience avec les plantes pour les approchez. Attendez d’être prêt.
  • Il se peut que ce soit une plante qui vous appelle. Elle apparaitra dans vos rêves où vous la cueillerez, ou bien vous la verrez tout le temps (ce genre d’appel est très fréquent au printemps) … Dans ce cas vous êtes chanceux, car l’esprit de la plante vous a remarqué et fait un pas vers vous. Elle sera encline à vous apprendre des choses, à vous aider pour devenir une formidable alliée. Dans ce cas, soyez heureux et courez dire à cet arbre ou cette herbe que vous la remerciez et que vous l’avez entendu.

La cueillette

Les sorciers traditionnels et puristes  aiment cueillir leurs herbes avec une bolline, une sorte de couteau consacré. Les influences druidiques vous donneront peut être  même l’envie d’une serpe. Faites à votre goût et surtout à vos moyens mais ce n’est pas indispensable pour commencer. En général la cueillette se fait le matin ou le midi, une fois que la rosée s’est évaporée, et par un jour sec et sans pluie. Ce sont des conditions de base pour avoir des récoltes de qualités. En cueillette sauvage, il y a des règles à respecter : ne cueillez pas dans les espaces protégés (il y a des panneaux souvent), éloignez vous un maximum des routes et des endroits pollués, car les plantes aux alentours sont polluées et impropres à la consommation. Ne cueillez que ce dont vous avez besoin ( d’où la nécessité de connaitre la plante et de savoir ce que l’on veut faire avec pour bien évaluer la quantité), ne gaspillez pas et laissez à la plante une chance de vivre après votre passage (ne prélevez pas plus d’un quart de la plante). Assurez vous que la plante que vous cueillez n’est pas seule et que d’autres plans poussent dans les environs.

  • Temps de récoltes : il existe parfois des moments, selon les magiciens, qui sont plus propices à la cueillette de certaines plantes. Les phases de la Lune jouent un rôle depuis toujours important dans l’agriculture et le jardinage. Il est conseillé de récolter les fleurs et les feuilles en phase croissante et à la pleine Lune pour des plantes plus « chargées » en magie (matériellement, elles sont plus chargées de principes actifs et de sève que la Lune aura fait remonter). Si vous souhaiter récolter des racines, attendez la phase descendante. Dans le folklore, certaines plantes nécessitent un rituel de cueillette bien spécifique, comme le Millepertuis qui doit être cueilli dans les règles lorsque le Soleil est à son zénith, ou encore la Verveine à la Pleine Lune avant que le Soleil ne se lève …Respecter ces règles est vraiment formidable, lorsque cela s’inscrit dans le cadre d’un rituel bien détaillé, et tant que vous pourrez le faire, faites-le. Mais il ne faut pas se leurrer, à moins d’habiter à côté des champs et de la forêt et d’y consacrer votre vie, il est presque impossible de prendre en compte toutes ces données. De plus, la croissance des plantes n’a pas de calendrier fixe, la veille de la Saint-Jean, le zénith de la puissance végétale, votre Camomille ne sera peut être pas encore en fleurs ou vos ombelles de Sureau seront peut-être grillées. Récoltez comme vous le pouvez, et surtout comme la Nature le peut, c’est le plus important.
  • La récolte magique est une affaire plutôt personnelle. Si autrefois les Druides faisaient des fêtes et sacrifiaient un taureau pour cueillir du gui, ce genre de manifestations sont désormais plutôt rares. Le mot d’ordre je pense serait d’abord de respecter la plante et de la considérer. Ce n’est pas qu’un simple bout de bois, c’est un être vivant qui a grandi, qui va vous donner une partie de lui pour vous aider, c’est un ingrédient fondamental de vos sorts ou de votre médecine. Rien que pour cela, elle mérite cette considération. Alors évitez de shooter dans une amanite tue-mouche parce que c’est poison (elle se vengera et d’autres qui savent l’utiliser auraient pu s’en servir). Coupez net les tiges, ne déchirez pas les feuilles …Beaucoup demanderons une permission de la part de la plante avant de la cueillir. C’est une très bonne chose. Moi qui suis un peu rouillé du langage intuitif, j’approche les plantes avec du plaisir que l’herbe va ressentir. Je lui parle normalement et naturellement, pas besoin d’apprendre une formule en vers. Tout en coupant les fleurs, je lui explique à quoi elle va me servir, quels vertus qui lui sont propres vont m’être secourables. Je rigole même avec elle (même si de loin on dirait que je rigole tout seul). Et je n’oublie pas de la remercier.
  • Les offrandes sont un bon moyen de symboliser cet échange, et de remercier l’être de bois qui vous a offert un peu de lui. Quel type d’offrande laisser à une plante ? Il y en a énormément de par le monde et vous trouverez bien celle qui vous conviendra. Certains allumerons un peu d’encens, d’autres feront des libations de lait, de miel ou encore de sang. J’en connais qui laissent de leurs cheveux, qui chantent ou qui attachent des tissus colorés aux branches. Les romains enterraient une pièce ou deux au pied de l’arbre … Partez du principe que c’est l’intention qui compte. L’offrande n’est pas toujours systématique, on ne se balade pas toujours avec un poulet à égorger dans son sac. Vous pouvez aussi remercier de tout cœur la plante en la bénissant et en lui montrant votre gratitude.
  • Tentez d’aller plus loin avec la plante. Ne restez pas simplement à cet échange matériel. Un arbre a des pensées, des émotions, des choses à échanger. Prenez le temps de le connaitre, de revenir le voir, de créer une relation avec lui et son espèce. Ouvrez vous à lui et il vous livrera quelques secrets qui vous apprendrons plus que tous les livres. Parfois, pour mieux saisir l’énergie d’une plante, il faut essayer, faire des expérience. Une anecdote : avant je n’aimais pas les pins et toutes les espèces de pinèdes en général. Je les trouvaient froids et neutres, comparés au beaux chênes feuillus. Et puis un jour j’ai récolté de la sève qui coulait d’un Sapin dans le jardin de mes grand-parents. J’ai voulu essayer de la bruler comme un encens sur une braise ardente de la cheminée. La fumée et l’odeur qui s’en ait dégagée m’a tellement saisi et fait voyager que cela m’a complètement ouvert à ces formidables arbres, que j’utilise maintenant bien plus que le chêne et les caduques.Lors de la cueillette, soyez ouverts à toutes les pensées qui pourraient vous venir, à tout ce qui vous entoure. Il arrive que l’esprit de la plante prenne l’aspect d’un petit insecte et se pose sur vous pour voir donner sa bénédiction, ou qu’il utilise le vent pour communiquer. Si vous sentez qu’une plante se ferme et ne veux pas être cueillie, partez sans la cueillir. Fiez vous à votre instinct et à votre ressenti. Petit à petit, vous tisserez des liens avec certaines plantes qui deviendront des alliées fidèles et qui pourrons même vous guider dans vos rituels. La communication avec elles deviendra systématique et elles seront considérablement plus efficaces.
  • Beaucoup de superstitions tournent autour de certaines plantes « maudites », qu’il ne faut pas fouler, qu’il ne faut pas arracher avec des mains d’hommes, qu’il ne faut pas ramener chez soi … Ce sont des sortes de tabous assez fréquents et très anciens. Je ne pense pas qu’ils soient à prendre à la légère : il existe des plantes puissantes et dangereuses, qui je pense méritent de se protéger avant de les cueillir et d’effectuer un rituel plus complet. Pour le coup, prévoyez une belle offrande si vous le sentez mal. Mais si vous le sentez vraiment mal, pourquoi la cueillir ?

Après la cueillette

Une fois les avoir cueillies, vous allez ramener les plantes chez vous. Prenez vos précautions pour bien les faire sécher, à l’abri du Soleil dans un endroit sec, bien étalées, ou encore en fagots ou dans des sachets de papier. A chacun sa méthode, mais assurez vous qu’elles sèchent bien. Personnellement je lance un petit charme sur mes plantes pour qu’elles se déshydratent dans de meilleures conditions(je ne sais pas si c’est réellement plus efficace mais c’est une habitude). Vous pouvez aussi faire usage de vos plantes encore fraiches dans des teintures par exemple. Vérifiez bien qu’elles soient propres.

  • Il est maintenant temps de faire vos expériences ! Chargez de magie vos plantes pour diriger leur pouvoirs dans le but que vous souhaitez. Je conseillerai de ne pas se limiter aux tableaux de correspondance pour utilisez les plantes en herbalisme. On ne peut pas résumer les pouvoirs d’un arbre en un seul mot ou une petite phrase comme  » favorise l’amour ». Qui plus est ça ne veut rien dire. Faites selon vos ressentis, ce que la plante a pu vous apprendre. Si vous avez un doute, demander à l’esprit de la plante elle-même ou à vos guides si vous en avez, la réponse vous parviendra surement. Pour autant, ne niez pas les expériences des autres et les savoirs empiriques, ils sont redoutablement utiles. Expérimentez, et avec l’expérience vous saurez quelle essence vous conviendra le mieux pour tel type de magie.
    N’hésitez pas non plus à décliner les utilisations : tisanes, huiles, encens … vous verrez ce qui vous convient le mieux.
  • Ne vous lancez pas directement dans les mélanges. Il est, de mon expérience personnelle, plus enrichissant de tester les herbes unes par unes que toutes mélangées dans un sachet en soie. Ne portez qu’un bouton de Rose autour du cou pour attirer l’amour. ensuite, selon les résultats, essayez-en d’autres. Certaines herbes s’accordent bien et font des merveilles ensemble (c’est le cas de l’Aubépine et du Prunellier, de la Lavande et du Romarin …), alors que certains mélanges peu pertinents vont annuler les pouvoirs de vos sorts. Il en va de même en phytothérapie d’ailleurs. Utilisez la plante seule pour mieux en apprécier les pleins pouvoirs.

Je pense avoir fait le tour, si j’ai oublié quelques points importants n’hésitez pas à me le dire. J’espère que cet article pourra guider les novices, ou rappeler des petites choses aux maîtres. Love herbs & hug trees !